ROBERT GANZO

Poète et Archéologue

ganzo

Robert Ganzo (1898-1995)
Né à Caracas, Robert Ganzo passe son adolescence à Bruxelles, écrit ses premiers poèmes, avant de s'installer à Paris où les Fallet, bouquinistes de père en fils sur les quais de la Seine, lui facilitent l'ouverture d'une boîte, près de Notre-Dame.

Ami de William Fallet, de Jacques Yonnet et de Serge Hutin, Ganzo entre dans la Résistance durant la dernière guerre. Fait prisonnier, il s'évade.

Poète, Robert Ganzo est publié entre autres chez Gallimard.

L'auteur de sa notice dans Wikipedia nous dit : «La poésie de Robert Ganzo, est limpide, superbe, d'une grande pureté formelle. Elle a des allures de viatique tant elle se révèle intense et douce, à la fois luxuriante et cristalline. Elle est tout entière d'évidence, d'envoûtement, sans le moindre hermétisme, vouée à la célébration de la présence humaine, de l'amour et du monde.»

Touche à tout de grand talent, Robert Ganzo, archéologue amateur, s'intéressa à la Préhistoire et fut, en 1958, le découvreur de sites préhistoriques majeurs, à Villeneuve-sur-Auvers et à D'Huisson-Longueville (Essonne).

Villeneuve sur Auvers

Sablière de Villeneunve-sur-Auvers
Il parcourut la Forêt de Bière en tous sens, notamment Fontainebleau en compagnie de son ami Serge Hutin, il fit des relevés des différents sites aujourd'hui fermés par prudence, murés pour éviter le vandalisme touristique.

Mettant au jour des pierres taillées, gravées de signes inconnus, il en fit de minutieux relevés. De cet enchevêtrement de marques se dégageait une écriture curieuse, avec des signes et des idéogrammes dont quelques éléments ressemblent à ceux plus tardifs de Sumer et d'Égypte.

Villeneuve sur Auvers

Figuration sur la paroi de la grotte du Sarrasin
Cette découverte extraordinaire lui paraissait remettre en question notre connaissance traditionnelle de la Préhistoire.

Elle apporte au poète la conviction que «s'il est un lieu qui peut être accepté comme berceau d'une civilisation agraire et villageoise commune aux peuples du Moyen-Orient et aux Celtes, c'est bien l'Ile de France, qui s'impose magistralement par ses forêts nombreuses, ses pactoles de grès, son réseau fluvial unique, la Brie choisie par les éleveurs, la Beauce essentielle où mûrirent les premiers blés d'Occident.»

En 1963, il répond par un clin d'œil à L'histoire commence à Sumer ouvrage de Samuel Noah Kramer (1897-1990) paru en 1957 qui fait autorité parmi les spécialistes, par un petit ouvrage illustré publié à ses frais : Histoire avant Sumer.

Mais, comme trop souvent, les archéologues officiels, imbus de leurs privilèges ne s'intéressèrent guère aux découvertes de ce talentueux amateur.

Haussant leurs épaules, affchant un souverain mépris, comme il convient, devant les trouvailles de ce chercheur en marge, ils ne l'encouragèrent nullement à poursuivre ses recherches.

Seuls les amateurs d'ésotérisme s'intéressèrent à ses travaux.

En 1974, un nouveau livre de Ganzo, le «Livre de Pierre ou Préhistoire reconsidérée» paraît chez Marabout dans la Collection Univers secrets.

Puis, notre poète oubliant l'archéologie se consacra entièrement à la poésie, son véritable domaine dans le sillage de son ami Paul Valet médecin et poète.

poemes

SI MÊME...


Si même il ne restait qu'un écriteau sur terre :
"défense de pêcher car c'est notre rivière" :
nous serions révolutionnaires.

Si même il ne restait qu'un prince sur la terre,
qu'un prince et sa couronne et son divin mystère,
nous serions révolutionnaires.

Si même il ne restait, aux confins de la terre,
qu'un douanier gardant un mètre de frontière,
nous serions révolutionnaires.

Si même il ne restait qu'un canon sur la terre,
rien qu'un canon et rien qu'un dernier jour de guerre,
nous serions révolutionnaires.

Si même il ne restait qu'un bagne sur la terre,
qu'une seule catin, qu'une seule misère,
nous serions révolutionnaires.

Et s'il ne restait sur la terre,
Sur terre, parmi nous enfin
qu'un prolétaire avec sa faim,
nous serions révolutionnaires.


A son décès, son épouse respecta les dernières volontés du poète favorisant la fondation du Prix de Poésie Robert Ganzo grâce à une généreuse donation. Décerné sous l'égide de la Fondation de France, ce prix est décerné chaque année depuis 2007.
HISTOIRE AVANT SUMER
(Extrait)
Il n'est pas d'histoire ni de civilisation spontanée. Pourtant, à Sumer, après plus d'un siècle de travaux, les archéologues ne sont pas parvenus à situer sa proto-histoire.

S'appuyant cependant sur de mêmes découvertes, les uns pensent que les Sumériens furent les premiers à occuper leur territoire. D'autres imaginent une civilisation pré-sumérienne. Dans son ouvrage l'Histoire commence à Sumer, S.N. Kramer écrit : «...On s'est pourvoyé dans une impasse.» (1)

Mais une hypothèse devenait chère aux archéologues: n'existait-il pas, avant Sumer, il y a six ou sept mille ans, un empire constitué par des populations diverses, réparties sur de vastes contrées ?

Dans Les Hittites, Eugène Cavaignac émet l'idée d'un berceau commun aux civilisations celtiques et à celles du Moyen-Orient que les Hittites ont toujours influencées.

Nous étions loin de penser à Eugène Cavaignac, ce soir d'été de 1958, lorsque dans la petite sablière de Villeneuve-sur-Auvers, à la limite ouest du massif de Fontainebleau, là même où commence la Beauce fertile, nous découvrions enfin les premiers instruments et objets de grès mêlés à la construction supérieure de la grande édification qui, sous les humus et les arbres, longue de 45 mètres, s'élève dans le ravin.

Notre découverte nous convainc que, s'il est un lieu qui peut être accepté comme berceau d'une civilisation agraire et villageoise commune aux peuples du Moyen-Orient et aux Celtes, c'est bien l'Ile-de-France qui s'impose magistralement par ses forêts nombreuses, ses pactoles de grès, son réseau fluvial unique, la Brie choisie par les éleveurs, la Beauce essentielle où mûrirent les premiers blés d'Occident.

Il y a près de trente ans, quand René de Saint-Périer nous signalait, à Villeneuve-sur-Auvers, la petite grotte dite « du Sarrasin », nous ne pouvions attribuer aucun âge aux pétroglyphes qui couvrent entièrement ses parois et son plafond. Elle nous glissait des mains: pas un indice autre que ces grilles, ces croix, ces cupules; pas un outil.

Près de trente ans, nous l'avons cherché dans les sites, alors fort déserts, de Villeneuve-sur-Auvers et de D'Huison.

Grotte du Sarrazin

La petite grotte du «Sarrasin» à Villeneuve-sur-Auvers
Les instruments trouvés dans la sablière, les nécropoles de Villeneuvesur-Auvers et de D'Huison, les tablettes de leurs sépultures nous permettent, aujourd'hui, de situer l'âge des pétroglyphes de la grotte: ils sont d'un empire d'il y a dix mille ans environ, se constituant dès la disparition du renne en Europe occidentale, dès la précipitation de recul du glacier du Nord; un empire, de la Mésopotamie à la mer Noire, à la Méditerrannée, à l'Atlantique. Il demeurait la secrète toile de fond de notre proto-histoire, à nous.

Aux nécropoles de Villeneuve-sur-Auvers et de D'Huison, il convient déjà d'ajouter celles, tout récemment découvertes, de la forêt d'Écouves, en Normandie, près d'Alençon.

(1) Samuel Noah Kramer : L'Histoire commence à Sumer, p. 270,
Editions Arthaud, 1957.

Grotte du Sarrazin

Pétroglyphes de la Grotte

Serge Hutin : Mystères de la forêt de Fontainebleau


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